Les Règles !
Je pose ça là, directement sur la table, sans chaste mouchoir ou voile pudique.
En voilà un sacré tabou !
Les règles, ce sang qui fait peur, qui terrifie, à tel point que les femmes sont considérées comme impures le temps de leurs menstruations à peu près partout dans le monde.
Dans le meilleur des cas (comprendre « dans nos sociétés industrialisées » (aka « civilisées » pour certains…)), on se limite au « period-shaming« , c’est à dire la censure, l’auto-censure (ne pas en parler), être gêné(e) dès que le sujet arrive sur le tapis, se moquer (ou cacher) des protections périodiques, éviter le rayon au supermarché, tout mettre sur le dos du PMS (syndrôme pré-menstruel), ne pas admettre ou prendre en compte les douleurs alors qu’on serait plus vigilant(e)s pour n’importe quoi d’autre. Et j’en passe.
Dans le pire des cas, les personnes concernées sont « impures » et cachées du reste de la société – avec des cas extrêmes de décès suite à l’ostracisation.
Mais sinon, Hello tout va bien, nous vivons dans un monde tout à fait rationnel et sensé.

Je suis toujours fascinée de voir comment un Jason Statham couvert de sang dans un film d’action passe impec, alors qu’une pauvre tâche de fuite choque la planète entière. Dingue quand on y pense, non ?
Avant toutes choses, j’aimerais vous recommander très fortement trois livres, que vous soyez hommes, femmes, cis ou transgenre. Drôles, décomplexés, documentés sans être gores ou lourds, ils sont vraiment intéressants et carrément utiles – quelque soit votre âge ou votre genre ! Je les ai lus, passés à ma plus grande et à mon homme, puis à ma grand-mère.
Un tabac !!
J’étais très très rebutée à la simple idée de la lecture de ces livres (« non mais sérieusement, un bouquin sur les règles ?! Mais c’est dégoûtant ! Qu’est-ce que vous voulez raconter là-dessus ? Putassier comme sujet. C’est super vulgaire, c’est pas un truc dont on parle ! Erk !!!« ).
Et puis, la curiosité l’a emporté : qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir à dire sur les règles pour en faire tout un bouquin ?
J’avais l’impression de déjà tout savoir à ce propos, mais je me trompais : ramasse tes dents ma vieille !
La lecture du « Grand Mystère des règles » (j’ai acquis les autres après) m’a fait énormément de bien. Je me pensais épargnée par les tabous et les complexes relatifs aux règles, parce que jeune femme occidentale relativement éduquée, études supérieures, tout ça. Cycles, ovulations, endomètre, tout ça, on connait l’histoire.
Et bien figurez-vous j’ai percuté avec stupeur qu’il n’en était rien – et que le tabou est juste plus sournois dans nos sociétés industrialisées – pas simplement le fameux liquide bleu des règles à la télé.
C’est d’ailleurs toujours un peu vexant de s’en rendre compte !
Choix n°1 : Nier le fait d’être soumis(e) à un véritable tabou social et culturel – et le rester confortablement. (C’est bon, j’ai eu les cours de S.V.T. malaisants et les ricanements étouffés, Next !)
Choix n°2 : Se rendre compte des influences pernicieuses, se prendre un jab à l’égo et se désintoxiquer. (Ah quand même, comment ai-je pu ?!)
Ça piquouille, mais étant fucking orgueilleuse, j’ai choisi le n°2. Et devinez ce qui s’est passé depuis ?
J’ai par la suite visionné un documentaire sur le sujet sur Youtube. Il s’appelle 28 jours, et vaut la peine d’être visionné. Par ailleurs, et si je peux me permettre, il est (probablement volontairement) choquant en terme de suggestion – c’est par ailleurs un test assez évident pour relever son degré de tabou sur le sujet – et je conseille vivement de lire l’un des trois bouquins ci-dessus avant d’y jeter un oeil.
Ce serait dommage de se braquer, alors qu’il a de vrais messages à transmettre.
Tout ça pour dire que j’ai hésité à poster ce billet. Et que là encore c’est très significatif. La violence inhérente à ce tabou est présente encore partout aujourd’hui, et fait hésiter à franchir les lignes de ce qu’on a établi comme étant « la bienséance ».
Pourtant, ce bout de texte a un but : je souhaite poster un article sur les culottes menstruelles, et je considère cet écrit comme une introduction au sujet qui suit. Mais, même à titre informatif, je sais que cela ne passera pas auprès de nombreuses personnes, parce que dans le meilleur des cas c’est un sujet trop intime, et qu’au pire, c’est « dégoûtant – réugnant – sale – insérez ici tout qualificatif dépréciateur de votre choix ». (aka « Nooon, mais voilàààà, c’est juste que y’a pas besoin d’en faire tout un plat, quoi« )
Quel dommage ! Car les règles sont finalement « juste » un phénomène naturel qui touche la moitié de la population mondiale ; et c’est déjà tellement désagréable qu’il n’y a pas besoin d’en rajouter une couche !
Lumière sur une jolie campagne en Inde, qui aurait tout intérêt à fleurir chez nous également : « Don’t Hide It : Period«
Alors non, je ne vais pas m’excuser de poster sur le sujet, et j’espère au contraire que cela contribuera (à micro-échelle) à désamorcer toute la fausse hype qui se déchaine sur le sujet depuis un peu plus de… 3000 ans ?! #BadBuzz #BuzzFlop #LeavePeriodsAlone
Plus sérieusement, les menstruations sont une question de santé majeure, et il n’est jamais trop tard pour s’auto-éduquer sur le sujet. Parce que personne ne le fera pour toi – et que c’est notre génération qui dessine les contours du monde futur.
Et un monde sans period-shaming, c’est quand même un monde plus propre.
En résumé, si tu en as l’occasion, lâche-toi et fonce à la médiathèque (c’est toujours moins cher que d’acheter le bouquin – ou alors d’occas’ sur gibert ou momox-shop – ou alors achète-le, au final c’est cool de soutenir les auteures ) pour te faire ton avis sur le sujet. On peut être d’accord – ou pas, mais le tout, c’est de ne pas rester dans l’ignorance.
Knowledge is Power! 😉
XOXO
Des Bisouuuuus !!
Poppy
Ps : un petit bonus pour la forme :
Génial ! Et je plussoie pour les trois bouquins, ils sont vraiment bien foutus. Avec un tout petit peu de curiosité intellectuelle, vous découvrirez en les feuilletant bien plus que ce que vous auriez imaginé au départ ! En tous cas y’a encore du taff sur ce sujet, quand je vois comment mes élèves vivent les (très) rares pages consacrées aux menstruations dans les livres sur le corps humain et la sexualité…
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